Cap-à-l’Aigle. Petit village à 3 km à peine de La Malbaie dans Charlevoix, en direction de Tadoussac. Vue imprenable sur le fleuve et ses bélugas. En haut de la capitainerie du club de voile, un nouveau resto, Le Refuge. En douze mois à peine d’existence, le bistro s’annonce comme un incontournable dans la région.
Il y a deux ans, l’endroit était désert. Les cuisines étaient endormies depuis trois ans. Quelques tables et quelques chaises trônaient ça et là avec une simple cafetière. Mais le potentiel était là. Les grandes baies vitrées donnant directement sur le St-Laurent et au loin sur les rives de Kamouraska donnaient envie de redonner vie au lieu.
C’est là qu’entre en scène un triumvirat de choc : Pierre Giroux, ex-portier au Fairmont Le Manoir Richelieu de La Malbaie, Michel Clermont, ancien chef dans la capitale nationale au Beffroi Steak House et au réputé Continental, et Rénald Paradis, qui fut proprio du bar Le nain rieur de La Malbaie. « On est allé chercher les forces de tout le monde », confie Pierre Giroux. De par ses nombreuses années au Manoir, celui-ci connait moult de gens, alors que Rénald est un expert derrière le bar et que 40 ans d’expérience trônent dans les cuisines avec Michel Clermont.
Profitant de l’élan donné par les rénovations faites à la marina par le Port de Refuge de Cap-à-l’Aigle, les trois associés démarraient l’an dernier celles du bistro. En six semaines, la transformation fut totale : murs, mobilier, décoration intérieure, ajout non loin de la terrasse d’une tablée pour huit personnes, genre bar lounge. L’endroit est plus qu’invitant que ce soit pour les petits déjeuners, à l’heure du lunch ou pour les soupers de fin de soirée. Au point que Rénald Paradis raconte qu’ils ont récemment accueilli « 150 convives juste pour le déjeuner ! » On comprendra que les réservations sont fortement recommandées.
Mais tout de même, à part les courses en canot sur le fleuve en février, les jours d’opération dans une année sont tout de même comptés dans une marina ! Alors que diable alliez-vous faire, Messieurs, dans cette galère pour paraphraser Géronte dans Les fourberies de Scapin de Molière ? « Il y avait un manque au niveau de la restauration dans le coin de Cap-à-l’Aigle », raconte Pierre Giroux, qui se réjouit de la collaboration des gîtes du passant avoisinants, qui envoient au Refuge leur clientèle. Et pour passer leur premier hiver, « on est allé chercher du corporatif. » C’est ainsi que les entreprises, les organismes ou les familles peuvent réserver les lieux pour organiser des partys de Noël s’il y a 20 personnes ou plus. Les proprios misent également sur la clientèle sportive hivernale avec les skieurs et les motoneigistes.
Le fleuve, une inspiration
Côté menu, le fleuve aux grandes eaux est évidemment inspirant pour le chef : mijoté de homard et de crevettes Thermidor, bouillabaisse à la toscane, chaudrée du refuge avec morue, saumon, crevettes, pétoncles, moules et palourdes, le tout nappé d’une bisque de homard, sans oublier le Big Bob dont est particulièrement fière la direction : « On est les seuls dans la région à faire cette morue panée dans une pâte tempura, avec un velouté de homard et un œuf frit ! », assure M. Giroux.
Du côté des prés, on sera notamment tenté par le jarret d’agneau braisé au vin rouge, le duo de cuisses de canard ou le steak & egg du refuge servi, bien sûr avec un œuf rehaussé d’un fondant de chèvre chaud et de pleurotes de Charlevoix.
Même si tous les ingrédients principaux ne sont pas charlevoisiens, on sent néanmoins une volonté de servir autant que faire se peut les produits tellement inspirants du pays du Temps d’une paix, à commencer par les fromages. L’avenir dira si la table du Refuge fera une plus grande place encore aux produits du terroir. Après tout, le menu est encore jeune…
Déjà, on observe que la qualité du service est au rendez-vous. À commencer par les petites attentions offertes par le chef comme cette mise en bouche du matin : une verrine de yogourt et crème anglaise onctueuse servie avec des petits fruits.
Aux dernières nouvelles, il semblerait même que les bélugas fassent la queue au quai de Cap-à-l’Aigle pour réserver !
Photos crédit à Pierre Rochette, photographe et propriétaire du site moncharlevoix.net