Il y a de ces restaurants qui ont pignon sur le coin d’une rue fort achalandée de notre localité, dont nous croisons le chemin pratiquement à chaque jour depuis plusieurs années, mais où nous n’avons jamais même mis les pieds une seule fois. Nous connaissons leur nom et leur réputation, mais nous n’avons jamais poussé plus loin notre curiosité. Voilà où notre plus récent souper entre amis nous a mené, enfin : à l’Antidote Foodlab.
Pourtant, ce restaurant est ouvert depuis une quinzaine d’années et est situé à l’angle des rues King Ouest et Belvédère, en plein cœur du centre-ville de Sherbrooke. Il prend place plus exactement dans l’édifice Paton, ancienne usine de textile qui a fait travailler des milliers de Sherbrookois pendant plus de 100 ans et qui se veut imposant, sobre et classique. L’intérieur est charmant grâce à son imposante structure boisée datant du 19e siècle.
Bien que notre rendez-vous avait lieu un mercredi soir de fin novembre, des groupes d’amis et de collègues y étaient également attablés dans ce local d’environ 60 places. L’accueil est chaleureux et professionnel : on nous offre de prendre nos manteaux avant de nous diriger à notre table.
Une carte des vins, bières et cocktails est disposée sur la table et Nicolas opte d’entrée de jeu pour le Diplomate, un cocktail à base de rhum ambré, crème de cassis, oléo saccharum et de blanc d’œufs alors que Julie souhaite partager une bouteille de vin blanc avec notre amie. Après quelques bonnes questions et suggestions du serveur pour bien cerner leurs goûts et leurs attentes, leur choix est fait. Le serveur revient cependant avec deux bouteilles au bout de quelques minutes. Après vérifications, il semble que leur choix initial ne correspond pas totalement. Il leur propose donc la deuxième bouteille, qui se veut excellente. Elles ont grandement apprécié cette expertise démontrée et cette volonté de satisfaire leurs goûts.
En ce qui concerne la cuisine, comme le laisse entendre sa réputation, elle se targue d’être un laboratoire gourmand, inventif, savoureux et original. C’est exactement ce que nous retrouvons sur le menu : des plats qui semblent simples à la lecture des choix mais qui nous surprennent une fois placés dans l’assiette devant nous.
Comme entrée, nous arrêtons notre choix sur la salade césar façon Antidote. Il s’agit de cœur de sucrine, avec mousse de vinaigrette, câpres frits, chips de prosciutto, croustillant de parmesan et aneth. Bien que nous ayons mentionné vouloir partager cette entrée, notre serveur nous offre chacun une bonne portion dans chacun une assiette. Une belle attention. Il nous explique également, en détails, comment les cuisiniers ont préparé ce plat, comment le cœur de sucrine a été choisie, comment la mousse de vinaigrette a été préparée et comment ont été frits les câpres et le prosciutto.
Dès la première bouchée, nos sens captent tous ces détails. Au moment de la dernière bouchée, nous pouvons mieux comprendre toute la complexité derrière ce laboratoire des saveurs.
Comme repas principal, Julie choisit l’assiette de pâtes fraîches, seule option vegan du menu, soit des raviolis de rabiole avec sauce levure et oignons doux, graines de moutarde marinées, noix de Grenoble caramélisées et une huile aux herbes. Nicolas opte plutôt pour le filet d’épaule de bœuf sous-vide avec purée de poivrons grillés, crème fraîche aux herbes, roulade de poivrons farci, pépins marinés et sauce aux piments doux.
À l’arrivée des plats, le serveur prend bien le temps d’expliquer la composition de chacun de ceux-ci et la façon dont les cuisiniers ont utilisé chaque ingrédient afin d’exploiter la moindre petite saveur.
N’oubliez pas, nous sommes accompagnés de quatre autres amis et il y a cinq plats différents à expliquer – Nicolas ayant choisi le même plat qu’une autre convive. C’est tout un travail de mémoire pour le serveur, mais cet exercice permet à tous de mesurer l’ampleur du travail.
Une fois de plus, chaque bouchée nous rappelle les explications du serveur et nous profitons d’une expérience gustative unique. Toutes les saveurs sont dosées à point et s’accordent merveilleusement bien ensemble. Nous pouvons goûter à toute la créativité et à la minutie de l’équipe aux fourneaux.
Nous terminons cette goûteuse soirée en comblant les dents sucrées et choisissons le gâteau aux carottes de Mme Perkins que nous allons partager à deux. C’est une mousse de carotte accompagnée d’une glace au glaçage au fromage et des dés de carottes confites. Une autre ronde d’explications du serveur est suivie d’une autre ronde d’exclamations des papilles.
Grâce à cette visite, nous savons maintenant ce qui se cache derrière les portes de cet établissement que nous voyons tous les jours. Il a fallu attendre longtemps avant de nous décider à y aller (la prochaine visite ne devrait pas se faire attendre aussi longtemps).
Le défi est maintenant d’observer plus attentivement toutes ces petites portes que nous croisons régulièrement et pousser notre curiosité à y entrer. Serons-nous agréablement surpris à chaque fois? Il y a de fortes chances que oui!
Note : 9,5/10
Ce qui nous a le plus marqué de notre visite : le travail de préparation dans chaque plat
Est-ce que nous recommandons ce restaurant : oui
Le repas principal le plus cher au menu : Filet d’épaule de bœuf (43 $)
Le repas principal le moins cher au menu : Pâtes fraîches vegan (30 $)
À quel moment de la journée est-ce que j’ai fait ma visite : souper
Les plus :
- Le service
- Les saveurs
- Le décor
Les moins :
- Aucune table d’hôte
- Le prix assez élevé (qui en vaut toutefois la peine de temps en temps)