Katalina est Équatorienne. Donald est Québécois. À eux deux, ils sont en train de faire découvrir aux gens de Varennes les arômes de leur arabica produit sur leur terre, en altitude, quelque part en Équateur. Mais surtout, ils produisent un café qui prend soin du poumon de la planète.

Je l’avoue, j’écris ce texte sous l’emprise du café. Un grain d’arabica dans la bouche aux arômes de pain grillé et de noisette, très doux au goût avec en bouche une légère amertume. Parfait en ce qui me concerne.

Quand on pénètre dans le café-brûlerie Latitude Zéro, boulevard Marie-Victorin, à Varennes, c’est une véritable explosion d’arômes qui nous enveloppe. Pour nous aider à y voir plus clair et pour mettre des mots sur nos sensations olfactives, Donald Plante a accroché au mur une roue des arômes et des saveurs. C’est là qu’on découvre qu’on peut percevoir des arômes fruités à un café allant de l’abricot à la mûre. Mais qu’un café peut aussi être plus aigre avec des pointes de clou de girofle, par exemple.

On l’aura compris, Donald Plante est un passionné du café. Une passion qui remonte à ses quelque douze ans passés en Équateur.

Une histoire d’amour

Succombant d’abord aux charmes de sa femme Katalina Robalino, la gérante de Latitude Zéro, il ouvre en 1996 un café à Tumbaco, près de la capitale équatorienne, Quito. « C’est là-bas que j’ai appris l’ABC du café avec un ami Colombien ». Puis, une idée germe dans leur esprit. Avec leur besoin de s’engager socialement en Équateur, le couple finit par chercher une terre fertile qui concilierait respect de l’environnement avec développement économique. Leur choix se pose sur une ferme à Imbabura, dans la Cordillère des Andes, à quelque 1 750 m d’altitude.

La rencontre avec un ingénieur forestier américain, Charlie Vanitor, sera déterminante. Pour lui, il faut allier concept durable et rentabilité. Faire une coupe sélective, reboiser avec des espèces ligneuses, mêler bananiers et papayers, afin de créer un toit végétal, qui soit alors propice à la pousse des plants de café.

À la plantation de café, Katelina et Donald ajoutent la vente de moutons. Pourquoi des moutons ? « La viande est meilleure que la vache et les moutons, qui broutent l’herbe, n’aiment pas le café ! », explique Donald Plante. Grâce au projet, des écosystèmes sont créés permettant à une nouvelle faune et flore de s’installer. Avant, dans la région, raconte celui qui est devenu producteur, torréfacteur et distributeur, « plusieurs organismes européens venaient et payaient pour le reboisement. Les Équatoriens plantaient, ramassaient l’argent et coupaient dès que les ONG s’en allaient. »

Dorénavant, la caféière et la production de moutons servent à une étude du scientifique américain, l’Agroforestal-Silvopastoreo. Les données, du projet, telles les précipitations, l'absorption des sols, la croissance des plants, etc. sont scientifiquement compilées et misent à la disposition des universités locales et internationales.

 

De leur ferme à notre tasse de café

En 2010, les premiers plants d’arabica apparaissent. Ça pousse vite. « C’est un endroit idéal, y a toujours de l’humidité », raconte M. Plante. « La fraîcheur de l’air, le taux d’humidité et la richesse du sol sont les composantes idéales pour nous permettre d’offrir un café arabica de première qualité. »

 

La terre produit. Mais le couple québéco-équatorien ne va pas en rester là. Katelina souhaite déménager au Québec. Un peu pour l’éducation de leurs deux filles, mais aussi pour faire connaître leur production et développer leur projet De notre ferme à votre tasse.

Leur choix s’arrêtera sur Varennes, pas très loin de Montréal. Depuis 2012, ils font donc connaître leurs huit sortes de café – et les soupes équatoriennes de Katelina ! - dans leur boutique, du nom du degré de la latitude de l’équateur. Mais également dans les marchés publics des environs comme à Verchères, voire certains super marchés tel Provigo. Et, bien sûr, ils torréfient sur place avec leur machine allemande, une Diedrich.

Fiers de montrer leurs poches de grains de café qui trônent dans leur brûlerie, le couple souhaite également faire visiter leur ferme aux Québécois. C’est leur prochain projet pour 2018. Car un jour, ils retourneront à Imbabura.

Après avoir aidé les villageois à construire une route de 2 km et un pont, Donald et Katelina prévoient aménager 5 cabanes pour accueillir les gens. Une première est déjà sur place. Mieux, ils invitent le monde à faire comme eux. À s’installer dans leur patelin équatorien et à développer leur concept. Des voyages d’excursion avec la Señora Robalino se mettent d’ailleurs en place.  Le tout est prévu pour mars 2015.

 

Belle occasion d’aller constater, comme le raconte les paysans locaux, combien de grains de café il faut planter pour avoir un bon arabica et avoir la paix avec un ver qui s’attaque parfois aux plantations. Il en faut trois : un pour le ver, un pour la terre et un pour toi, producteur !

 

Pour en savoir plus sur le projet De notre ferme à votre tasse et sur le café-brûlerie Latitude Zéro : http://www.cafelatitudezero.com/accueil