Selon un portrait de l’industrie de la restauration établi par l'Association des restaurateurs du Québec (ARQ), 369 restaurants ont fait faillite au Québec au cours de l’année 2014, soit les deux tiers du nombre de faillites de restaurants rapportées au Canada. Suite à ce constat, plusieurs se sont demandé s’il y aurait trop de restaurants, en particulier à Montréal et à Québec.

 

Cette question est plutôt difficile à répondre. Si on estime que Québec a un restaurant pour 369 habitants et que Montréal en a un pour 373 habitants (contre un par 450 pour Manhattan), le chroniqueur François Bourque tient à préciser que le problème « n'est peut-être pas qu'il y a trop de restos, mais qu'il n'y a plus assez d'argent à dépenser pour le nombre de restos. »

 

En région, la réponse peut varier, dépendamment de la situation. Eliane Thibault, rédactrice en chef pour l’EstriePlus.com, rapporte que Sherbrooke a un restaurant pour 588 habitants alors que Joliette a un restaurant pour 311 habitants, plaçant cette ville en première place au Québec concernant l’offre de restauration par habitant. À l’opposé du classement, Rouyn-Noranda a un restaurant pour 860 habitants. Qu’en est-il ailleurs, dans la province? Nous nous sommes intéressés à l’aspect « développement économique » dans trois régions différentes.

 

Plessisville et la MRC de l’Érable

D’après Simon Houle, conseiller touristique pour Tourisme et culture de l’Érable, il n’existe pas trop de restaurants dans la région. Il y aurait plutôt une « épuration naturelle » entre les chefs usant de créativité et ceux qui n’arrivent pas à tirer leur épingle du jeu. Il ajoute également que la MRC est chanceuse de vivre une situation différente de celle des grands centres, où il existe un taux élevé de roulement des restaurants. En effet, depuis une dizaine d’années, la région de Plessisville connaît une diversification de l’offre au niveau des restaurants :

 

« On s’en tenait beaucoup aux casse-croûte, et là, il s’est développé de belles spécialités dans les onze municipalités de notre MRC, explique M. Houle. Ça va de la cuisine du terroir à un souper gastronomique cinq services à une table qui nous permet de manger une salade avec de la vinaigrette au cèdre ou tout simplement un beau repas trois services à des prix très abordables, mais en étant une cuisine beaucoup plus intéressante qu’un casse-croûte. Et le casse-croûte aura toujours sa place avec des bonnes places à patates. »

 

Montmagny et la MRC de Montmagny

La diversité des restaurants est également présente dans cette région, mais Dominique Gaudreau, coordonnatrice au développement des affaires pour la Ville de Montmagny, reconnaît qu’il existe certaines périodes dans l’année où ce n’est pas facile pour les restaurateurs. Heureusement, ceux de Montmagny peuvent compter sur les travailleurs, qui vont manger sur l’heure du dîner, ainsi que sur les familles de la région, qui visitent la ville durant les fins de semaine.

 

À propos du nombre de restaurants, Mme Gaudreau admet qu’elle « ne peu[t] pas dire qu’il y en a trop, mais c’est certain qu’on va finir par arriver à saturation s’il s’en ajoute quatre ou cinq de plus. » Cela dépend bien entendu du type de restaurant et elle ajoute que la nouveauté est toujours la bienvenue afin d’attirer davantage de gens de l’extérieur.

 

Ville-Marie et la MRC de Témiscamingue

Dans cette région, la diversification des restaurants est présente. À titre d’exemple, depuis 2014, il existe un camion de cuisine de rue nommé Le Cochon fumé. Cependant, selon Guy Trépanier, directeur général de la Société de développement du Témiscamingue, les restaurateurs doivent gérer un équilibre entre la clientèle locale et la clientèle touristique :

 

« Le défi des restaurants, quand il y a une gamme de services de restauration diversifiée, une palette assez large de produits dans une petite population, ça veut dire que tu as une base de clientèle locale, mais la clientèle touristique est déterminante durant la saison touristique. Si tu n’as pas cette clientèle touristique, tu ne peux pas assurer la viabilité et le développement de ton restaurant. Si tu as juste ta clientèle touristique, il y aura certains mois de l’année où tu ne pourras pas fonctionner aussi. »

 

Il ajoute, en ce qui concerne le nombre de restaurants, qu’il est difficile de dire s’il y en a assez ou non. Lors d’un financement d’un projet, comme celui d’un restaurant, « il faut toujours porter une attention particulière pour, en facilitant l’implantation de un, qu’on ne le fasse pas au détriment d’un autre, de générer du cannibalisme », explique-t-il. Un restaurateur doit s’attendre à entrer en compétition avec d’autres restaurateurs, mais aussi à collaborer avec eux, par exemple lors d’événements à caractère touristique.

 

Peu importe la région, la conclusion semble la même : plus il y a de la diversité dans les restaurants, moins ceux-ci auront à diviser la clientèle. Pour que son projet survive, le restaurateur ne doit pas seulement penser à son produit, mais aussi à sa concurrence. En quelque sorte, il doit agir comme un entrepreneur.

 

Et vous, croyez-vous qu’il y a trop de restaurants dans votre région ou peu de diversité en terme de restaurants?