Qu’ont en commun Elvis Presley, Jean Chrétien et Mgr Félix-Antoine Savard ? Tous les trois sont déjà allés manger au Bootlegger à La Malbaie !

Dehors, au début du chemin menant vers le vénérable restaurant de la région de Menaud, maître-draveur, une immense botte fourrée de bouteilles d’alcool vous accueille renvoyant ainsi à la signification de « bootlegger ». À l’époque de la contrebande, les passeurs d’alcool cachaient les dives bouteilles… effectivement dans leurs bottes !

Aller au Bootlegger, c’est probablement entrer dans le steak house le plus historique et original du Québec. Tabouret de bar monté sur des selles, photos de personnalités et objets kitchs côtoient de véritables antiquités.

 

Maison de contrebandiers, le bâtiment date de 1860. Construite dans le coin de Clermont, la maison a été déménagée en 1939, pièce sur pièce, jusqu’à Sainte-Agnès par Norie Sellar, un Américain de la Pennsylvanie dont le riche père lui avait dit de se trouver un boulot s’il pensait hériter un jour !

 

Résultat, comme on est en pleine époque de la prohibition aux États-Unis, Charlevoix étant alors une région où les Américains aimaient venir pour ses forêts giboyeuses et sa multitude de lacs, M. Sellar développe un club de chasse et de pêche – Le Club des Monts - et transforme cette maison typique de l’architecture française (tenons, mortaises, chevilles de bois et chevrons-portant-fermes, eh oui !), non seulement comme le siège administratif du Club des Monts, mais aussi comme restaurant. Le foyer sur lequel le maître des lieux ou plutôt sa cuisinière faisait cuire la viande est encore en fonction. Pièces de bœuf Angus, porc de grain, poulet ou wapiti d’élevage sont frottés avec le mélange maison d’épices et de fines herbes, grillés sur un charbon de bois à l’érable, lui-même aromatisé de copeaux d’Hickory. Je vous laisse imaginer le résultat !

Sur les tables d’époque - les convives d’alors y gravaient d’ailleurs leur nom -, la propriétaire de maintenant, Johanne Brassard, a fait mettre une bouteille de sauce à viandes de la Maison du bootlegger, l’un des quatre produits maisons que celle-ci commercialise avec son partenaire Joey Tardif. «En plus de la sauce, on fait faire aussi nos épices à steak, notre épice magique et notre vinaigrette à Sainte-Agnès », précise la chaleureuse tenancière des lieux depuis 1996, assise sur son fauteuil flanqué de deux têtes de mort.

Simple et excellent

Spécialisé dans les grillades, on aura compris qu’on vient au Bootlegger, non pas pour son foie gras au torchon ou son canard confit, mais pour l’ambiance. « On veut ça simple et excellent. C’est une place pour fêter avec en plus le Bootlegger House Band de Joey » poursuit celle qui règne sur 36 employés.

Avec des repas servis uniquement en table d’hôte, c’est 16 000 personnes qui, pendant 143 jours à compter d’avril de chaque année, viennent goûter à la soupe à l’ivrogne, aux escargots des Monts, aux contre-filets, côtes levées et surf and turf et finissent par s’envoyer derrière la cravate l’un ou plusieurs des 20 shooters proposés au menu ou mieux, l’orange du club. Ce dessert date du temps de M. Sellar : il s’agit d’une orange bouillie, injectée  de crème de menthe !

Ne vous inquiétez pas, il y a un service de raccompagnement pour ceux qui le désirent ! Depuis deux ans, à quelques kilomètres du Bootlegger, celui-ci a désormais son auberge avec des chambres absolument coquettes où l’on vient profiter du calme charlevoisien après une soirée particulièrement festive.

Quand grillade rime avec bravade

Une soirée au Bootlegger serait évidemment incomplète sans une visite guidée des lieux. Lors de la nouvelle érection de la maison à Sainte-Agnès, M. Sellar, amateur également de jeux à l’argent le brave homme, « avait pris grand soin, raconte Sandra Tremblay, la responsables des tours guidés au restaurant, de modifier l’accessibilité aux diverses pièces. »

À partir de la salle à manger, un escalier très à pic mène vers un véritable labyrinthe aux multiples chambres avec portes cachées derrière des bibliothèques ou multiples cachettes pour la livraison en douce de l’alcool. Car même s’il n’y a pas vraiment eu de prohibition au Québec, les campagnes de tempérance allaient bon train, le tout mené par l’Église. M. Sellar étant fin prêt à constamment « déjouer les membres les plus perspicaces de l’escouade des mœurs du temps » comme l’explique un dépliant du Bootlegger. Mais quand on est ami avec Félix-Antoine Savard, ça doit aider un peu pour survivre au Bootlegger comme le dit la devise du resto !

 

Pour informations :

Maison du Bootlegger

110, rang du Ruisseau des Frênes

418-439-3711

www.maisondubootlegger.com