La valeur du dollar canadien a connu une baisse importante au cours des dernières semaines, se rapprochant de la valeur enregistrée en 2002, qui était de 61,79 ¢US. Pour les consommateurs, cela signifie une hausse de dépenses pour des produits tels que les vêtements, les appareils électroniques et les fruits et légumes. En effet, parce que 81 % des fruits et légumes consommés au Canada sont importés, ceux-ci pourraient coûter de 4 à 4,5 % plus cher au cours de la prochaine année. Une hausse de cette envergure peut-elle avoir un impact sur les restaurants?

 

En région éloignée : la Maison Wakeham

Située à Gaspé, la Maison Wakeham est à la fois auberge et restaurant. Au moment d’écrire cet article, l’établissement est fermé pour la saison hivernale, ce qui n’a pas empêche son propriétaire, Desmond Ogden, de répondre à nos questions. Ce dernier accorde une importance à la fraîcheur des fruits et légumes pour la composition des repas. En effet, une combinaison de 5 à 6 légumes frais se retrouve sur chaque assiette à l’heure du souper. Quant aux fruits, ils sont utilisés pour le déjeuner.

 

Dans le cas où les choux-fleurs continueraient à coûter 6 $ l’unité, M. Odgen n’hésiterait pas à opter pour d’autres légumes moins dispendieux. Ce ne serait pas la première fois en termes d’adaptation : lorsque le prix du bœuf Angus a augmenté en 2015, il a dû ajuster le prix des plats incluant cette viande, c’est-à-dire augmenter chaque plat de 1 à 2 $.

 

« On a deux options, explique M. Odgen. Soit qu’on augmente le prix de nos plats, soit qu’on modifie nos menus. Si on parle des viandes, on a des coupes de viande moins dispendieuses. Je sais qu’il y a des entreprises qui, au lieu du filet mignon, ont changé pour la bavette ou l’entrecôte. »

 

Restaurants végétariens et végétaliens : le Soixante 5

Pour ce restaurant de Lévis, la hausse du prix des fruits et des légumes peut avoir un impact sur son budget. Heureusement, sa propriétaire, Geneviève Brunet, peut compter sur la variété de son menu : « Moi, j’ai l’avantage d’avoir des tables d’hôte que j’adapte en fonction de ce qui est disponible à des prix possibles, mais si j’avais un menu fixe, si j’avais dû acheter des choux-fleurs il y a trois semaines, j’aurais d’aussi gros problèmes. »

 

Elle admet avoir hâte à l’été pour pouvoir acheter local. Entre les prix d’été et d’hiver, il existe une grande différence pouvant aller du double au triple des prix d’été. En attendant, elle opte pour des légumes racines, des carottes, des courges… En résumé, des légumes qui se conservent bien.

 

L’avis de l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ)

Selon le porte-parole de l’ARQ, François Meunier, la hausse du prix des fruits et des légumes est présentement le sujet de l’heure. La pression devient de plus en plus forte pour les restaurateurs, qui doivent non seulement composer avec la hausse du prix des viandes, mais aussi celle des fruits et légumes. Non seulement les restaurateurs ont de plus faibles profits, ils risquent également une diminution de leur clientèle. En effet, selon l’Institut de la statistique du Québec, les Québécois ont le plus faible revenu disponible au pays.

 

Si les restaurateurs doivent faire preuve de créativité et éviter les produits alimentaires qui connaissent d’importantes hausses, M. Meunier explique que l’ARQ a trouvé une autre solution : « On a développé depuis quelques années un programme d’achats qui permet à nos membres de profiter de rabais, de ristournes sur un ensemble de produits et de services. » Résultat : 1,5 M$ en ristournes pour 65 M$ d’achats.

 

Pour l’instant, il est encore tôt pour évaluer l’impact de la hausse du prix des fruits et des légumes dans les restaurants. Par contre, une fois les produits de saison accessibles, nous aurons une meilleure idée de la situation. Il s’agit d’une histoire à suivre…