Avec le retour du beau temps, les foodies seront ravis de retrouver leurs camions-restaurants préférés. Pour ceux qui sont moins familiers avec ce type de restauration, un petit retour dans le passé peut s’avérer pratique, surtout afin de noter une tendance qui dépasse peu à peu les frontières de Montréal.

 

Histoire de la cuisine de rue

Le concept de la cuisine de rue, ou du moins celui de la restauration mobile, est plus ancien qu’on ne le croit. La simple évocation de la cabane à patates, qui apparaît dans le paysage québécois après la Seconde Guerre mondiale, suffit  pour se rappeler des roulottes offrant des frites, des hot-dogs et autres plats de type fast food. Ce genre de cantine a même fait l’objet d’expositions, comme celle qui a été présentée au Musée de Charlevoix durant l’été 2013.

 

Par contre, le concept de la restauration mobile remonte encore plus loin, bien avant l’invention de l’automobile. Vers la fin du XIXe siècle, aux États-Unis, il existait le « chuck wagon », inventé par Charles Goodnight pour accompagner les cowboys qui voyageaient avec le bétail. Cuisine mobile dotée d’un four néerlandais, le « chuck wagon » cuisinait surtout des fèves ainsi que des biscuits au levain.

 

Il faut cependant attendre la récession de 2008 pour voir apparaître les camions-restaurants tels que nous les connaissons aujourd’hui. Kogi BBQ, un restaurant de Los Angeles, fait partie des pionniers grâce à ses tacos fusion coréens. Trois ans plus tard, les premiers camions-restaurants québécois deviennent réalité. Or, c’est à partir 2012 que leur cuisine devienne tendance, notamment par le biais des Premiers Vendredis, un événement se déroulant tous les premiers vendredis du mois, de mai à octobre, au Parc olympique.

 

La cuisine de rue au Québec

Afin de connaître la situation actuelle de la cuisine de rue au Québec, nous avons interviewé Gaëlle Cerf, cofondatrice de l’Association des restaurateurs de rue du Québec (ARRQ), qui existe depuis 2012. Sa motivation derrière la fondation de l’ARRQ? « C’était un besoin de se fédérer pour avoir une voix unie et unique pour être capable de mettre de l’avant la cuisine de rue », explique-t-elle. C’est également en créant cette association qu’il devenait possible de participer à certains événements, tels que les Premiers Vendredis ou les Feux Gourmands.

 

À quoi un restaurateur peut-il s’attendre lorsqu’il décide de faire de la cuisine de rue? À plus de travail, selon Mme Cerf : « La restauration classique, c’est dur, mais la cuisine de rue, c’est encore plus difficile. » Parmi les raisons pouvant expliquer cette difficulté, il en existe deux : les aléas de la météo, mais aussi l’espace de travail, plus restreint. Cependant, cela ne décourage pas Mme Cerf à convaincre les restaurateurs à se lancer dans cette aventure : « L’Association des restaurateurs de rue du Québec souhaite ardemment faire reconnaître cette nouvelle industrie-là et faire comprendre aussi aux restaurateurs que c’est un défi de promotion, de marketing et de vente qui est souvent intéressant et qui est très en demande. »

 

En ce qui concerne la demande, celle-ci est à la hausse. En effet, pour la saison 2016-2017, ce sont 41 restaurateurs qui ont été retenus par la Ville de Montréal, incluant 6 nouveautés : Mi Corazon, Le Burger truck, Pinokio, Europea Mobile, King Bao et Winneburger. Alors que les camions-restaurants demeurent populaires dans la métropole, Mme Cerf admet qu’il reste du travail à faire dans le reste du Québec. Les choses pourraient par contre bouger à Québec, dont un projet pilote est attendu pour 2017. D’ici là, d’autres initiatives verront le jour, tels que le « food bike » La Bécane à Bouffe et un Festival de cuisine de rue.

 

En conclusion : après un départ fulgurant aux États-Unis, puis dans le reste du monde, la cuisine de rue est effectivement en train de s’installer ailleurs au Québec. Et vous? Préférez-vous les cabanes à patates ou les camions-restaurants?