Octobre est le nouveau mois de mars. Nous sommes en plein dans la deuxième vague de la pandémie et le gouvernement de François Legault impose de nouvelles restrictions à la population vivant dans les zones rouges. Parmi les secteurs touchés, les restaurateurs ont une fois de plus, malheureusement, remporté le gros lot. Voici les impacts que ces mesures auront sur la restauration.

Pour tout le mois d’octobre, les salles à manger situées en zone rouge seront totalement fermées, sans exception. Encore une fois, les services de livraison et de commandes pour emporter sont les seuls moyens pour les restos de rejoindre la clientèle.

Guillaume St-Pierre, le chef et l’un des propriétaires du restaurant Battuto à Québec, croit que la solidarité sociale est importante en cette période : « Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on a reçu la nouvelle, mais là, ce qui est important, c’est la santé financière des petites entreprises, faire travailler notre monde. On est ensemble dans le même bateau. »

Raphaël Laroche, travailleur dans le domaine de la restauration et organisateur d’une manifestation pour la réouverture des restaurants et des bars, craint pour son emploi. « Les restaurants et bars se sont pliés aux exigences sanitaires du gouvernement du Québec. Malgré tout, le gouvernement s’acharne sur l’industrie en nous obligeant à fermer. »

Julien Masia, propriétaire du ARVI dans Limoilou, vit de l’incertitude et est peu optimiste pour l’après période de 28 jours actuelle. « Je crois que la fermeture de nos restos et bars ne changera rien à ce qui se passe actuellement. Si nous on ferme, autant fermer tout le reste. Dans 28 jours, je suis peu optimiste que la situation soit améliorée et qu’on annonce la réouverture. »

L’Association Restauration Québec accepte très difficilement la décision du gouvernement de François Legault. Elle rappelle que dans les restaurants, contrairement aux rassemblements privés, l’environnement est sécuritaire, contrôlé et encadré par des normes sanitaires élevées.

 « La frustration est grande chez les restauratrices et les restaurateurs, car depuis la réouverture des salles à manger en juin dernier, ils ont été nombreux à dépenser des milliers de dollars pour se conformer aux mesures sanitaires afin de recevoir les clients en toute sécurité et cela, sans recevoir une aide gouvernementale. La preuve que ces efforts ont payé est qu’il y a eu peu d’éclosions dans l’industrie de la restauration. Cela démontre la pertinence de garder ouvertes les salles à manger plutôt que de laisser la population errer pour leur besoin de socialisation vers des rassemblements dans des lieux privés non surveillés. »

Zone orange

Les responsables régionaux de la santé publique surveillent les situations de près en zone orange et ne sont guère encouragés par les résultats quotidiens. Virer au rouge est plus que probable à court terme. Ce qui fait craindre le pire pour les commerçants.

De l’aide sera mis à la disposition des restaurateurs, une fois en zone rouge, mais comme le dit Joe Rego des restaurants Olivia, Cellier et Quai de la région de l’Outaouais, « fermer un autre 28 jours, ça ne se récupère pas. On commençait tout juste à avoir une vitesse de croisière qui nous permettait de servir notre clientèle et garder notre personnel. Mais là, juste avant la période des fêtes, fermer encore, ça va être dur à motiver notre personnel pour qu’il revienne. »

Si la région devait passer au niveau d’alerte maximale, il souhaite à tout le moins avoir le temps de se relever pour le temps des fêtes. « On s'en attend, ça va être un Noël bien différent, les partys de bureau ça n’arrivera pas, on essaie de penser comment on peut avoir la même clientèle, mais en take-out. On fait notre année dans le temps des fêtes, ça fait peur l’avenir pour le temps des fêtes, conclut M. Rego.

D’ailleurs, dès qu’une région passe du vert au orange, il a été remarqué que les comportements des consommateurs ont changé. Plusieurs groupes ayant réservés au restaurant ont annulé les ventes et l’achalandage a de beaucoup baissé.

Déplacements

Qu’en est-il des résidents des zones rouges qui auraient l’intention de se déplacer et de profiter de la salle à manger d’un restaurant situé en zone orange? Entre autres, les résidents des Laurentides, une région orange avec très peu de cas et voisins des Montréalais en région rouge, craignent de les voir débarquer et de possiblement les infecter.

La santé publique a confirmé que les déplacements entre les régions ne sont pas interdits mais fortement déconseillés. D’ailleurs, les policiers procèdent pratiquement quotidiennement à des barrages routiers pour conseiller aux gens de demeurer à l’intérieur de leur région.

Un souvenir de mars

Rappelons en terminant que c’est en plein milieu du mois de mars que le gouvernement québécois avait décrété le premier confinement. Toute la province avait alors été mise sur pause. Ainsi, les salles à manger des restaurants devaient demeurer fermées et seuls les services de livraison ou pour emporter pouvaient fonctionner.

Ce n’est qu’au moins de juin que le gouvernement a levé bien timidement les restrictions. Oui, les salles à manger pouvaient de nouveau accueillir des clients mais les tables devaient être suffisamment espacées pour respecter la distanciation minimum de deux mètres, un maximum de dix personnes pouvaient se regrouper autour d’une même table et tous les employés devaient porter le couvre visage et des lunettes de protection.