Une nouvelle enquête menée par Restaurants Canada révèle que la plupart des entreprises de services alimentaires du Québec n'auront pas les liquidités nécessaires pour pouvoir accueillir à nouveau leurs clients.

À mesure que le Québec lève ses mesures d'urgence, les restaurants auront besoin de soutien additionnel pour demeurer viables jusqu'à ce qu'ils soient en bonne voie de se rétablir pleinement.

L'enquête révèle que la plupart des restaurants auront de la difficulté à rétablir leur service aux tables.

Environ sept répondants sur 10 au sondage indiquent être extrêmement ou très inquiets que leur entreprise ne dispose pas des liquidités nécessaires pour payer les fournisseurs, les loyers et les autres dépenses au cours des trois prochains mois.

Bien que le programme d'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) puisse apporter un soulagement à certains établissements, les obligations en matière de loyer demeurent un véritable enjeu pour beaucoup d'entre eux :

Au moins un restaurateur indépendant sur cinq traite avec un locateur qui n'est pas disposé à accorder de l'aide au loyer, soit par l'entremise du programme AUCLC ou par un autre moyen.

Quelque 14 pour cent des restaurateurs indépendants n'ont pas été en mesure de payer leur loyer en avril, et près de 20 pour cent ne sont pas en mesure de le faire pour mai, même s'ils n'ont pas d'entente de report de paiement avec leur locateur.

Restaurants Canada entend soutenir activement les efforts de réouverture

« La résilience de notre industrie ne suffira pas à protéger les restaurants contre les difficultés financières auxquelles ils feront face au cours des mois qui viennent. Avec la réouverture graduelle de leurs salles à manger, ils auront besoin d'une aide soutenue, déclare David Lefebvre, vice-président, Affaires fédérales et Québec de Restaurants Canada. Cette semaine le gouvernement du Québec a laissé entendre que les restaurants bénéficieraient d'un soutien pour les aider à rouvrir leurs portes. C'est là une bonne nouvelle, et Restaurants Canada compte aider à la concrétiser. Nous sommes également engagés à contribuer à l'élaboration de protocoles de réouverture. »

Avant le début de la pandémie de la COVID-19, le secteur québécois des services alimentaires, une industrie au chiffre d'affaires annuel de près de 18 milliards de dollars, représentait quatre pour cent du PIB de la province et était au troisième rang des employeurs du secteur privé. Si les conditions actuelles persistent, l'on prévoit une chute du chiffre d'affaires pouvant atteindre 3,3 milliards de dollars pour le deuxième trimestre de 2020, et le secteur pourrait être incapable de récupérer les quelque 175 000 emplois perdus en raison de la COVID-19. Restaurants Canada a bon espoir que les efforts déployés pour appuyer le secteur amélioreront ces résultats et que les pires scénarios seront évités.

Restaurant Canada enjoint le gouvernement d'agir davantage dans les domaines suivants afin de soutenir les entreprises de services alimentaires et de leur donner une chance de survivre :

Protections pour les locataires commerciaux et aide au loyer : Bien que le programme AUCLC aide à alléger l'un des problèmes les plus épineux pour les restaurants, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas bénéficier des protections offertes par ce mécanisme, ce sans qu'il y ait faute de leur part. Il faut un programme plus complet d'aide au loyer pour aider ceux qui ont subi une baisse marquée de leur chiffre d'affaires mais qui ne répondent pas aux critères d'admissibilité actuels. Des protections pour les locataires commerciaux continuent également d'être nécessaires pour ceux qui ne sont pas admissibles à ce programme, afin de réduire la pression pendant que les parties prenantes se rassemblent autour de la table pour élaborer des solutions immédiates et à long terme. Certaines provinces comme le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ont déjà pris des mesures à cet effet. Le Québec pourrait suivre leur exemple et ordonner un moratoire sur les évictions et les mesures préjudiciables afin de protéger les locataires commerciaux jusqu'à ce que des solutions soient mises en place.

Aide au fonds de roulement et au niveau d'endettement : La plupart des restaurants sont des PME dont les marges bénéficiaires étaient faibles même avant la crise de la COVID-19. Avec des recettes nettement diminuées pour la plupart des entreprises de services alimentaires, beaucoup ont déjà presque ou entièrement épuisé leurs fonds de réserve. Les mesures actuelles pourront devoir être prolongées et de nouvelles solutions mises en place pour assurer que les restaurants disposent des liquidités nécessaires pour reprendre leurs activités. En raison de la nature périssable de leurs stocks, beaucoup ont subi des pertes irrécupérables avec la mise en place des mesures de distanciation physique et auront besoin de soutien pour refaire leurs stocks afin de pouvoir rouvrir leurs portes.

Aide aux coûts de main-d'oeuvre : Bien que la subvention salariale de 75 pour cent du gouvernement fédéral aide certains restaurants à maintenir leur personnel sur la liste de paie, ceux qui se préparent à rouvrir craignent de ne pas avoir accès à cette aide au cours des mois qui viennent. Une aide additionnelle de la part du gouvernement du Québec dans ce domaine serait la bienvenue, en combinaison avec une prolongation de la Subvention salariale d'urgence du Canada (SSUC) pendant quelques mois.

Source : Restaurants Canada