Le Grillardin s’impose malgré le fait qu’il soit physiquement dans l’ombre d’un vénérable compétiteur au centre-ville de Sherbrooke. Situé dans la prestigieuse usine Paton, qui a en quelque sorte donné naissance à la ville au 19e siècle, il faut connaître son existence pour y être attiré. Comptant sur une clientèle fidèle, l’établissement parvient tout de même à se démarquer du voisin. Une fois à l’intérieur de l’édifice, nous pouvons en apprendre plus sur cette usine alors que les murs en pierre, les poutres et le plafond en bois de cet établissement nous font plonger au siècle dernier. À l’intérieur du resto, nos regards vers les tableaux aux murs nous ramènent cependant à la réalité.

Rapidement accueilli et déjà à table, nous voilà avec un pâté de volailles au pesto à nous mettre sous la dent. Il y a de plus en plus de restaurants qui souhaitent la bienvenue à leur clientèle avec ce genre d’amuse-gueule, au grand plaisir du consommateur! La lecture de l’imposante carte des vins se fait tranquillement, tout en dégustant ce léger pâté.

Arrive les petites marmites du jour. D’un côté, la crème de champignons, qui est trop liquide et très chaude. De l’autre, la chaudrée de palourdes maison est faite selon les règles de l’art.

Les entrées prennent ensuite la place. D’abord, la petite raclette de pommes de terre nouvelles au fromage de Kingsey Falls. Malheureusement, aucun goût unique ne se dégage de cette timide assiette. Il manque assurément un épice sur les pommes de terre ou une délicieuse sauce sous le fromage fondu. Mais si le fromage avait été plus corsé, l’histoire aurait été différente. Il y a eu aussi les asperges à la crème fraîche et citron. La crème fraîche n’est cependant pas la prétendante idéale aux asperges tout de même froides et belles, croquantes et savoureuses.

Après une certaine déception au goûté de la soupe et de l’entrée, nous nous attaquons au contre-filet 7 oz AAA qui est parfaitement grillé au fromage bleu d’Auvergne. La pièce de viande, accompagnée de légumes, de pommes de terre et d’une légère sauce, est très invitante. La première bouchée nous surprend par sa fraîcheur et sa tendreté. La mâchoire a peu de travail à faire, le tout fondant dans la bouche. La cuisson saignante, comme l’a été demandé au chef, a été respecté à la lettre. Un généreux morceau de bleu d’Auvergne couvre également une partie de ce contre-filet. Ce fromage a habituellement une saveur puissante et corsée mais elle laisse amplement la place à la grillade. C’est littéralement la viande qui vole la vedette.

Également, la bavette de bœuf grillée aux champignons et pommes de St-Benoît avec une sauce Cabernet Sauvignon nous a fortement plu. La cuisson était d’ailleurs parfaite, tout comme le contre-filet. Le mariage entre les champignons, les pommes encore fermes et la sauce donnent un goût unique et succulent. L’aller-retour entre le salé des champignons et de la viande et le sucré des pommes permettent aux papilles de s’amuser avec nos sens. Cette perception est évidemment agréable et à la fois recherchée.

Les desserts faits maison ferment la marche, dont un moelleux gâteau au chocolat merveilleusement bien accompagné d’une crème fouettée. Un coulis de fruits est aussi de la partie et le tout est délicieux.

Lorsque nous sommes arrivés au restaurant Le Grillardin, nous savions déjà qu’une pièce de viande généreuse décorerait notre assiette principale. Nous savions que pour ce genre de repas nous venions de choisir l’endroit idéal. La spécialité de la maison n’est pas une utopie. Les chefs s’appliquent à nous offrir des grillades irréprochables et de renommées internationales. Ne reste plus qu’à sortir de l’ombre une fois pour toute. L’équipe le mérite.