Au cours des dernières années, nous avons amplement parlé de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la restauration. Et au cours des dernières semaines, une autre discussion liée à ce sujet a fait surface : le salaire des cuisiniers. Tout ça parce qu’un populaire et réputé restaurant de Montréal a placé un avis de recherche en affichant un salaire ridicule selon certain.  

En effet, au début du mois de novembre, Au pied de cochon, propriété du populaire chef Martin Picard, a placé une offre d’emploi pour un poste de cuisinier au taux horaire de 13,50 $, soit le salaire minimum en vigueur au Québec.

Il n’en fallait pas plus pour que les employés du milieu réagissent fortement à cette offre jugée ridicule. Ils rappelaient avec justesse que la chaîne de restauration rapide McDonald’s, par exemple, proposait un taux de 15 $ dès l’entrée en fonction d’un nouvel employé.

Ces mêmes gens se demandent bien pourquoi un restaurant aussi bien connu, offrant un menu gastronomique dont l’addition moyenne est de 90 $, ne peut offrir que le salaire minimum pour un poste de cuisinier.

En fait, selon le propriétaire, qui a réagi rapidement à ce tollé, il n’était pas possible d’indiquer un autre taux que le 13,50 $ dans l’offre publiée sur le site de Service Canada. En réalité, selon l’expérience du candidat, son salaire pourrait aller jusqu’à 18 $ de l’heure. L’offre a été publié sur ce réseau spécifiquement car un employé dont le visa de travail venait d’expirer avait quitté le Pied de cochon.

Martin Picard mentionne également qu’il y a une entente entre les cuisiniers de son restaurant et les serveurs qui fait en sorte que les pourboires sont séparés entre les deux équipes à la fin d’une soirée. De cette façon, personne ne fait réellement 13,50 $ de l’heure.

Mais au cœur du débat est la véritable valeur d’un cuisinier. Sont-ils rémunérés à leur juste valeur?

Certainement pas!

Et ce sont les employeurs eux-mêmes qui le disent! Ils aimeraient bien pouvoir offrir à leurs cuisiniers un salaire reflétant mieux tous les efforts qu’ils déploient alors qu’ils sont au cœur de l’action. Cependant, ils ne peuvent se le permettre.

La raison principale est bien évidemment l’augmentation des prix des aliments et aussi la hausse du salaire minimum décrétée annuellement par le gouvernement. Ainsi, la marge bénéficiaire d’un restaurant a nettement diminué au cours des dernières années parce qu’une nouvelle réalité s’est installée.

D’ailleurs, lorsque certains experts montent aux barricades en incitant les gouvernements à instaurer le salaire minimum à 15 $ ou à 20 $, les restaurateurs croient que les consommateurs devront en même temps accepter une nette augmentation de la facture si le projet va de l’avant.

Il y a aussi la pénurie de main-d’œuvre qui devient un casse-tête car les employeurs sont férocement en compétition entre eux pour attirer les cuisiniers. La conséquence est une guerre des salaires mais ce n’est nettement pas à l’avantage des patrons. Par la bande, le cuisinier en payera le prix aussi un jour ou l’autre.

En conclusion, ce n’est certainement pas demain la veille que les discussions entourant le salaire en restauration cesseront.