Pour la plupart d’entre nous, aller au restaurant n’est pas si compliqué. Cependant, certains obstacles, pourtant anodins à nos yeux, peuvent rebuter une personne à capacité physique restreinte. Plusieurs restaurateurs se sont adaptés à une clientèle présentant une déficience visuelle, auditive ou motrice, mais encore faut-il trouver ces restaurants.
Depuis 1979, Kéroul, un organisme à but non lucratif, évalue l’accessibilité des établissements touristiques et culturels du Québec, qu’ils s’agissent de lieux d’hébergement, d’attraits touristiques ou de restaurants. Laure Durand, coordonatrice à la recherche et au développement, reconnaît que son organisme a des lacunes au niveau de l’évaluation des restaurants :
« C’est plus difficile pour nous de développer des partenariats avec des restaurants parce qu’il y a un risque plus élevé de fermeture qu’un [lieu d’hébergement]. Mais on se rend compte que les touristes veulent dormir à un endroit, mais il faut aussi qu’ils se restaurent. »
Kéroul procède à l’évaluation des restaurants une ville à la fois. Grâce à une liste de restaurants disponible sur Bonjour Québec.com, l’équipe d’évaluation contacte les restaurateurs afin de leur demander s’ils sont intéressés à être évalués. Par la suite, l’équipe évalue l’établissement pendant une durée estimée à 30 minutes. Tout est pris en compte, en commençant par le stationnement jusqu’à la procédure de paiement en passant par l’accès à l’entrée et aux installations sanitaires. Selon Mme Durand, l’entrée et la salle de bain sont les principaux freins pour les personnes handicapées.
Le type de bâtiment peut avoir une influence sur certains freins. Par exemple, L’Entrecôte St-Jean, situé à Montréal, est un restaurant qui est plain-pied, ce qui facilite l’accès aux personnes handicapées. Jacqueline Reverberi, propriétaire de cet établissement depuis 15 ans, raconte avoir également une toilette adaptée pour les handicapées au rez-de-chaussée. La formation de certains employés peut aussi améliorer le service envers les personnes présentant certaines déficiences.
« J’ai une employée – mais ça, c’est une coïncidence – qui a fait des études [en langage des signes], mais elle n’est pas là en permanence », ajoute Mme Reverberi.
Lorsque le bâtiment n’est pas apte à accueillir les personnes à capacité physique restreinte, certains ajustements sont à prévoir. Sylvie Lessard, copropriétaire depuis plus de vingt ans du Manoir du Lac William, explique :
« Quand on a fait notre agrandissement, on a relocalisé les salles de bain pour handicapés pour que ça soit plus accessible, plus facile. On a aussi une section dans la salle à manger où il n’y a pas de marches. »
À ces ajustements s’est ajouté l’installation d’un ascenseur, mais aussi l’achat de fauteuils roulants, de marchettes et de canes prêtés gratuitement aux personnes à mobilité réduite. Mme Lessard ajoute que ces adaptations n’ont pas été compliquées à réaliser, mais qu’il faut la volonté de les faire.
Pour les restaurateurs qui hésitent avant de se lancer dans les rénovations, Mme Durand rappelle que les personnes handicapées se déplacent rarement seules. Par exemple, lors d’une organisation d’un événement comme celui d’un mariage, il faut tenir compte de la présence des personnes à capacité physique restreinte. « [Les restaurateurs] ne perdent pas seulement un client, ils perdent 10 à 15 clients à la fois », précise Mme Durand.
À titre d’exemple, la Brasserie Fleurimont accueille chaque mois un groupe de personnes en fauteuils roulants. « Il y a plusieurs endroits dans le restaurant qui sont simples pour eux, raconte la copropriétaire Pascale Migneault, mais je sais qu’ils aiment bien un endroit précis, alors c’est facile avec les fauteuils roulants. »
Si un restaurateur souhaite apporter des modifications afin de favoriser l’accessibilité, Mme Lessard lui recommande de communiquer avec Kéroul. En cas de doute dans les détails techniques, il demeure possible de collaborer avec des personnes à capacité physique restreinte, par exemple pour vérifier si les tables peuvent accueillir les fauteuils roulants. Comme le rappelle Mme Migneault, « [il] faut que ce soit accessible. Il faut qu’ils aient le plaisir de venir manger au restaurant. »